Quand on aime, on ne compte pas. Voici un second extrait de La liseuse et la lyre, de Françoise d'Eaubonne, à qui nous avons naguère décerné un coup de cœur. Ce coup de cœur bis est spécialement dédié à Brigitte, vendéenne de pure souche qui appréciera ces quelques lignes à leur juste valeur...
"Un curé vendéen de la localité où naquit ma grand-mère menaçait de damnation quiconque apprendrait à lire ; les paroissiennes lui semblaient particulièrement menacées ; ce paysan qui s'était donné à Dieu ressemblait au poisson rouge dont l'œil s'arrête à jamais aux courbes d'un bocal pris pour le cosmos ; il ne songeait qu'à protéger de rurales vertus contre des ouvrages aussi pernicieux que Vierge et flétrie ou Cœur de bâtard. Pour l'homme, peu enclin à ces blandices polygraphiques, ne risquait-il pas de tomber un jour sur une gazette anticléricale ?C'était le temps où les religieuses qui apprenaient quand même l'alphabet aux marmots du village leur faisaient crier en chœur, après P et Q :
- LETTRES INDÉCENTES !
Les lettres renvoient au corporel. Par la moindre brèche s'insinue ce péril mortel d'être un corps."
1 commentaire:
Depuis l'temps qu'j'vous l'dis !
Brigitte Cru
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