vendredi 21 mars 2008

Coup de coeur n°4

Il est triple, ce coup de coeur-ci : une sculpture, une photographie, une phrase. Triple, et bien davantage encore. Car tout se tient, tellement inévitablement... Un sculpteur, un romancier, un photographe, un poète, et les autres...
Le sculpteur, c'est Auguste Rodin, qui a réalisé le monument d'Honoré de Balzac, pris en photographie, de nuit, par Edward Steichen, en 1908. Le poète, c'est Rainer Maria Rilke, qui fut un temps le secrétaire de Rodin et a écrit une monographie sur lui. Ce sont les deux premières phrases de cette monographie qui ont déclenché ce coup de coeur. Et de fil en aiguille... Voici donc l'image, et les mots :



"... Il m'a reçu, mais cela ne signifie rien si je dis cordialement. Si : comme vous accueille un lieu aimé, vers lequel on retourne par des chemins embroussaillés, - une source qui, alors qu'on était au loin, a chanté, vécu et scintillé, jour et nuit, - un bosquet, à la cime duquel les oiseaux de passage entrent et sortent, étendant leurs ombres sur sa ramure, - un chemin bordé de roses qui n'a pas cessé de conduire vers ce lieu écarté, et comme un grand chien il m'a accueilli, les yeux tâtonnants, satisfait et tranquille ; avec la majesté d'un dieu oriental qui se meut, seulement, à l'intérieur de sa noble quiétude et de sa condescendance, et avec le sourire d'une femme et avec les gestes accapareurs d'un enfant."
Rainer Maria Rilke, Rodin, 1903

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