Sur la plage déserte, au fil de l’horizon,
Quand ce trait s’estompe et perd sa ligne jalouse,
L’osmose jaune et bleue pose la déraison
Du tendre camaïeu des couleurs qui s’épousent.
Le trait serait trop dur s’il n’était effacé
Par la brume qui fond sous la trace légère
De son doigt amoureux le tissu nuancé,
La délicate union du ciel et de la terre.
Et le jaune bleuté de la plage au réveil
S’abîme dans les bras de l’azur qui l’appelle
De son bleu presque blanc embrumé de sommeil
Dans un mélange heureux qui doucement les mêle.
Il n’est rien de tranché dans cet épanchement,
Mais tout est velouté comme au matin du monde
Quand la vie en ébauche aimait l’embrassement
De la fusion natale à la beauté féconde.
Le flot, émerveillé de ce couple enlacé,
L’accompagne, serein, de la douce caresse
De sa vague puisant dans le ciel reflété
Le fardeau de ce bleu transporté sans faiblesse.
Et la vague apaisée apporte au sable offert
Le présent régulier, le plus fidèle hommage
De ses baisers salés, perpétuant le transfert
Du miroir transgressé du ciel et de la plage.
Ce miracle troublant dit l’incroyable instant
Où le jaune et le bleu, le ciel avec la terre
Dans cette aube unifiée deviennent des amants,
Précaire affirmation de l’union des contraires.
Mais la chaleur du jour éloigne les couleurs.
L’horizon se refuse à la fusion qu’il nie,
Sa frontière sépare au fil de la douleur
Le ciel d’avec la terre, éphémère harmonie.
Pourtant il reste encore, au soleil accompli,
L’intense souvenir de l’aube, et son absence
Appelle de son gouffre à l’écho de son cri
La trace suspendue au creux de son silence.
L’âme alors se souvient de l’éternel matin.
Son chant s’élève, et monte, et l’improbable danse,
De l’algèbre aux pinceaux et des mots au divin,
Pacifie l’homme en quête, unifiant sa présence.
mardi 7 août 2007
Comme au matin du monde
Décembre 2000 – mai 2004
Rubriques : poésie
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire